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Déterminer l'état d'un stock halieutique repose sur une combinaison de données souvent issues des captures par la pêche et de paramètres biologiques de la population étudiée permettant de décrire la dynamique du stock. L'ensemble de ces données permet de déterminer les niveaux de biomasse, la pression de pêche et le degré de renouvellement de la population à travers l'utilisation de modèle. Pour établir un diagnostic, il faut également combiner ces données pour déterminer des points de référence biologiques qui constituent différents seuils pour caractériser l'état d'une population et de la pression de pêche. En 2019, dans les bases de données de la RAM Legacy Stock Assessment Database (Ricard et al., 2011), seulement 49% des ressources marines exploitées dans le monde étaient couvertes par une estimation a minima des tendances historiques de biomasse (Hilborn et al. 2020). Dans les DOM français (Figure 1), en faisant l'hypothèse forte qu’une espèce débarquée est un stock, 82 à 95% des stocks sont considérés non évalués selon les régions (Blanchard et al., 2018). Dans de nombreux cas, les données permettant de diagnostiquer l’état des stocks sont très incomplètes. De plus, l’évaluation des stocks dans le contexte RUP (Régions UltraPériphériques : la Guadeloupe, la Guyane, la Réunion, la Martinique, Mayotte et Saint-Martin pour la France) se heurte à des difficultés très spécifiques telles que la complexité relative à la diversité des métiers pratiqués et des espèces capturées et la difficulté fréquente d’accéder aux débarquements. Dans son rapport sur les régions ultrapériphériques, la commission européenne fait le constat que les connaissances sur la biologie des espèces d’intérêt halieutique sont trop limitées par rapport à la diversité des espèces exploitées et recommande d’augmenter le nombre d’espèces échantillonnées et notamment la collecte des structures de taille. Dans ce contexte, une convention entre l’AFD et l’IFREMER a été signée pour que le projet ACCOBIOM (« Acquisition de Connaissances sur les paramètres Biologiques des ressources marines exploitées en Outre-Mer ») puisse être mené par l’Ifremer de façon à augmenter les données disponibles et initier le processus de collecte nécessaire à l’évaluations de stocks des espèces commerciales au niveau des régions ultrapériphériques françaises, ces évaluations étant réalisables avec une collecte pérennisée sur le moyen terme (>= 5 ans). Ce rapport est le volet Sclérochronologie de cette étude montrant les données biologiques acquises et leur traitement en particulier pour obtenir la relation taille/âge pour chacune des espèces tropicales. Pour ce point spécifique, le projet étant un projet pilote, il s’agit avant tout d’une étude de faisabilité sur l’estimation de l’âge des poissons tropicaux dont on connaît peu la biologie et pour lesquels l’âge est particulièrement difficile à déterminer (i.e. dû à des conditions environnementales relatives stables au cours de l’année contrairement aux régions tempérées). Il est à noter que pour l’île de La Réunion, 3 projets de recherche ont déjà permis de répondre à la faisabilité de l’estimation de l’âge de certaines espèces démersales (projet IPERDMX : Mahé et al., 2022 ; Roos et al., 2022 ; projet ANCRE DMX2 : Roos et al., 2015 ; projet DMX1 : Fleury et al., 2012). Pour conclure, parmi les 93 espèces pour lesquelles des pièces calcifiées ont été prélevées, 48 espèces classées en priorité 1, 2 ou 3 ont été analysées en sclérochronologie car le nombre et la gamme de taille permettaient d’obtenir des résultats : - Priorité 1 (analyses permettant de réaliser le suivi de la croissance): 26 espèces (9 aux Antilles ; 17 à La Réunion dont 15 déjà validées par le projet de Recherche IPERDMX) - Priorité 2 (analyses permettant presque de réaliser le suivi de la croissance): 12 espèces (12 aux Antilles ; 0 à La Réunion) - Priorité 3 (analyses ne permettant pas de réaliser le suivi de la croissance): 10 espèces (8 aux Antilles ; 2 à La Réunion)