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1866, la crue de la Loire qui a changé la vision de la protection, prônant "la part de l'eau"
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Date de publication : 18/10/2016
Après deux crues exceptionnelles en vingt ans (1846 et 1856), celle de septembre 1866 va avoir une influence majeure sur la prise en compte des crues fortes par les ouvrages de protection contre les inondations. Si, par le passé, la réaction des décideurs, face à la submersion des levées de la Loire, a été de surélever le sommet des digues au dessus du niveau atteint par la dernière crue surversante. Lors de la crue de juin 1856, déjà une réflexion sur l'impossibilité de toujours faire des digues plus hautes s'était imposée. Une nouvelle notion est née à cette occasion : "Faire la part de l'eau" c'est à dire permettre à l'eau de s'étendre dans l'ensemble de son lit majeur. Une alternative au réhaussement des digues est proposée par le service des "Ponts et Chaussées" soit construire des déversoirs soit construire des barrages pour retenir l'eau en amont. Napoléon III retiendra plutôt la solution de construire des barrages mais le projet n'aboutira pas.
C'est seulement en 1867, après la troisième grande crue de septembre 1866, inondant l'ensemble du val de Loire qu'il est décidé la réalisation d'un programme ambitieux basé sur la réalisation de 19 déversoirs qui permettront l'inondation contrôlée des zones protégées sans rupture de levées en cas de crue supérieure au niveau du sommet des digues. En tout huit déversoirs ont été construits entre 1867 et 1892. Le programme a été définitivement abandonné en 1907 avec la décision de ne pas construire celui de Givry, soit 41 ans après son lancement.
Aujourd'hui la situation reste inchangée depuis la fin du XIXe siècle, à l'exception d'un petit déversoir sur la levée de Montjean, à l'aval, construit après la crue de 1910. Les études de dangers réalisées depuis 2010 montrent clairement que le risque de rupture par surverse reste réel, même si le risque de rupture par érosion interne semble plus prégnant. La réflexion menée en 1867 est donc toujours d'actualité. Une démarche innovante (ECRIVALS) a été menée sur les vals de l'Orléanais pour débattre du sujet avec l'ensemble des acteurs concernés par le risque inondation. Ses conclusions sont opérationnelles et devraient conduire à la réalisation de travaux intégrant "la part de l'eau".