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Localisation des ménages et usage de l’automobile : résultats comparés de plusieurs enquêtes et apport de l’enquête nationale transports et déplacements
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Edité par MINISTERE DE L'ECOLOGIE, DU DEVELOPPEMENT DURABLE, DES TRANSPORTS ET DU LOGEMENT - 2009
La présente étude s’inscrit dans le prolongement d’une étude réalisée par le commissariat général au développement durable sur les consommations de carburants des ménages en fonction de leur zone de résidence. Elle reprend notamment ses deux principales thématiques, à savoir la relation entre zone de résidence et usage de l’automobile, et la question des « déplacements contraints » en automobile.
Cette étude s’appuie cependant sur une source nationale différente, l’Enquête Nationale Transports et Déplacements (ENTD) de 2007-2008, alors que l’étude sur les consommations de carburant portait sur l’enquête Budget des Familles (BDF) de 2006. Un des premiers objectifs de ce travail était en effet de comparer les résultats obtenus à partir de l’enquête ENTD, portant sur les distances parcourues au moyen de l’automobile, et ceux de l’enquête BDF, portant sur les dépenses de carburant.
La première étude avait avancé une nomenclature des zones d’habitation au regard des consommations de carburant, nomenclature déclinée en cinq modalités : rural, périurbain, banlieue et ville-centre de pôle urbain de province, pôle urbain de Paris. L’enquête ENTD permet de valider la pertinence de ce zonage s’agissant des distances parcourues, et la confirme par une analyse à un niveau plus fin de nomenclature.
En outre, les résultats des deux enquêtes apparaissent concordants, aussi bien s’agissant des statistiques descriptives que de l’analyse économétrique, et ceci pour toutes les variables explicatives communes aux deux enquêtes. En particulier, les coefficients associés aux zones de résidence font apparaître des hiérarchies identiques, qu’il s’agisse de consommation de carburant dans BDF et de distances parcourues dans ENTD. Toutes choses égales par ailleurs, les distances annuelles parcourues en automobile sont supérieures dans les zones d’habitat peu denses (périurbain et rural), et ceci dans des proportions très similaires aux dépenses de carburant.
L’enquête ENTD apporte par ailleurs de nombreuses informations en matière de modes et motifs de déplacements, qui permettent de documenter les formes de mobilités au sein de chaque zone. L’espace périurbain se distingue toujours par un usage plus intense de l’automobile, et ce sur tous les motifs de déplacements (à l’exception notable des déplacements pour les vacances). A l’opposé, le pôle urbain de Paris se distingue par un usage important des transports en commun et de la marche à pied, qui tient à la disponibilité de transport en commun mais aussi à l’accessibilité à des services tels que les commerces.
L’enquête ENTD permet d’éclairer la question des dépenses contraintes, au sens des dépenses « soustraites aux arbitrages courants de la consommation ». La disponibilité ou non, selon les motifs de déplacements, d’un mode alternatif à l’automobile pour un motif considéré constitue alors une dimension importante de cet enjeu.
La question des déterminants du choix modal selon le motif de déplacement a été abordée simultanément par l’OCDE dans le cadre d’une conférence organisée par cette organisation en juin 2009. L’OCDE avait en effet mené sur dix pays une enquête en matière de comportements environnementaux des ménages. La conférence de restitution « Comportement des ménages et politique environnementale » avait présenté une étude portant spécifiquement sur les choix modaux. Le modèle présenté dans l’étude de l’OCDE permet d’identifier les déplacements pour lesquels, toutes choses égales d’ailleurs, la probabilité d’un recours à l’automobile est particulièrement fort.
En utilisant sur les données de ENTD un modèle économétrique similaire à celui de l’OCDE, on obtient alors des coefficients comparables. Un résultat significatif des deux études est la contrainte du recours à l’automobile pour le motif « achat » (les courses). Ce motif apparaît d’autant plus intéressant qu’il constitue le motif de déplacement le plus fréquent et le plus invoqué, alors qu’il n’est pas usuellement associé à la « mobilité contrainte » définie dans l’enquête ENTD (les motifs considérés comme contraints étant alors en effet « travail, étude, garderie »). Mais l’enquête ne permet pas d’estimer les distances parcourues associées à ce motif.
Enfin, il faut mentionner plusieurs résultats s’agissant du déplacement domicile travail, pour lequel des distances sont évaluables. A nouveau, l’analyse par zone et par ménage reste cohérente avec celle des dépenses de carburant. L’enquête ENTD permet cependant aussi de caractériser les trajets, avec dans les zones peu denses, des vitesses plus élevées pour des temps de déplacement similaires. Elle comporte en outre des données déclaratives en matière de disponibilité de transports en commun alternatifs à l’automobile pour se rendre habituellement au travail. La proportion de ménages qui utilisent leur automobile malgré la présence d’une telle alternative apparaît très peu dépendante du revenu, constat qui mériterait une analyse plus approfondie.
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