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Appréhender une mesure politique, c'est bien souvent produire un jugement à partir de manières plus générales de penser le politique. Si cette observation tombe sous le bon sens, elle n'en demeure pas moins essentielle pour saisir ce qui se joue à propos de l'acceptabilité des écotaxes de transport. Celles-ci sont interprétées au prisme de schèmes politiques ajustés à la nature de ces dispositifs visant à encadrer l'automobilité. L'équité, la transparence, le gaspillage de l'argent public, la protection de l'environnement ou l'acte de faire payer l'usager, constituent des grilles interprétatives souvent mobilisées par les enquêtés pour réagir aux principes de l'écofiscalité qui leur ont été présentés lors de ce travail. Ce constat permet de comprendre pourquoi les pratiques modales et les caractéristiques du lieu de transport n'influencent qu'à la marge l'acceptabilité des écotaxes. Les rapports à la voiture, à la ville et au-delà à la mobilité, modulent surtout les dispositifs qui entrent concrètement en résonnance avec ces expériences quotidiennes de déplacement. En se focalisant sur ces dimensions ou sur les liens avec la « sensibilité à l'environnement », on prend donc le risque de négliger des ressorts plus généraux mais aussi plus structurants de l'acceptabilité des écotaxes. Ceux-ci se trouvent bien souvent dans les visions politiques des enquêtés. L'un des résultats de cette recherche invite donc à intégrer la pluralité des facteurs politiques, sociaux et modaux à partir desquels se construit l'acceptabilité sociale des mesures écofiscales. Les données qualitatives (40 entretiens semi-directifs) et quantitatives (993 questionnaires administrés en face à face) qui alimentent ces constats se révèlent très complémentaires. Collectées sur la communauté urbaine de Lille et sur les quatre départements de Paris et la première couronne, elles permettent d'une part d'apprécier l'effet de la variable territoriale en identifiant les différences entre ces deux territoires, et d'autre part d'en rendre compte plus qualitativement. Il apparaît ainsi que les déterminations sont plurielles et qu'il faut se garder de privilégier l'effet propre de certaines variables. L'acceptabilité des écotaxes de transport dépend de conditions sociales qui génèrent des relations particulières aux transports et à la politique. C'est la conjugaison entre ces deux registres qui définie les représentations que les enquêtés se font de l'écofiscalité, la tonalité de cette conjugaison variant elle-même en fonction de la formalisation effective (dans des dispositifs) que prend cette écofiscalité.
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