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Impact du castor sur la biodiversité
Livre
Date de publication : 01/07/2019
Le castor est reconnu actuellement comme espèce dite « ingénieure ». Son activité naturelle modifie donc l’écosystème dans lequel il évolue en créant au passage un nouveau milieu plus spécifique à ses exigences écologiques. Pour une telle étude, la bibliographie parcourue évoque les actions du castor canadien et celles de certaines populations scandinaves, allemandes et suisses de castor eurasien. Il n’existe à ce jour aucune publication française complète à ce jour. Pourtant du fait de sa catégorisation en espèce ingénieure et des observations effectuées sur les populations par différents naturalistes (G. Erome, M. Blanchet, H. Penel, R. Quesada…) il apparaît indéniable qu’il puisse y avoir des répercussions locales sur les écosystèmes Cette étude vise à expérimenter, sur une première échelle locale, des méthodes d'évaluation de l’impact du castor sur la biodiversité. Cette évaluation est d'autant plus pertinente que la présence du castor sur des hydrosystèmes dégradés pourrait en faire un potentiel allié pour leur renaturation et l'amélioration de leur biocénose à l'échelle nationale. En tenant compte des premières données récoltées sur les quelques sites d’étude, nous pouvons mettre localement en avant un impact à priori favorable des barrages de castor persistants ou semi-persistants dans les petits cours d’eau sur les communautés d'amphibiens, d'odonates, certains oiseaux inféodés aux milieux humides et/ou aquatiques et certains mammifères. Parmi ces espèces, certaines, de par leur caractère pionnier, leur état de conservation insatisfaisant et/ou leur statut de protection, se révèlent d’intérêt patrimonial (sonneur à ventre jaune, putois d’Europe, cigogne noire, Agrion délicat…) La création de petits milieux stagnants et leur renouvellement régulier, au sein d’un petit réseau hydrographique généralement dégradé par les activités humaines, est la principale manifestation induisant une modification de certains cortèges facilement visibles. Toutefois, les biomasses engendrées restent très minimes au vu de la taille des écosystèmes créés et entretenus. En outre certaines espèces identifiées n’effectuent qu’une partie de leur cycle biologique sur ces milieux (reproduction, alimentation et/ou maturation, etc.). Ainsi la qualité des milieux périphériques et la présence proche ou connectée de milieux plus conséquents se révèle primordiales pour assurer le développement durable de plus grandes populations. Ainsi, la biocénose liée à ces milieux générés par le castor ne s’exprime pas en vase clos mais exige une trame verte et bleue fonctionnelle que le castor ne vient que compléter. Pour les autres classes et taxons ainsi que les autres aménagements du castor (« clairières à castor, gîtes, canaux, etc.), plus de données, voire d’autres protocoles, sont nécessaires pour poursuivre l’analyse et émettre un postulat. Le nombre de cours d’eau pour lesquels l’effet du castor n’est pas dilué par une largeur de rivière trop importante ou par l’action humaine est restreint et souvent précaire du fait de la forte présence anthropique. Pour pouvoir réaliser une analyse approfondie et une analyse statistique des données, il faudrait pouvoir inclure d’autres sites au sein de l’étude et prolonger l’étude dans le temps pour témoigner de l’évolution. Cela s’effectuera de façon protocolée mais aussi en parallèle sur des sites uniques (= ne permettant pas une comparaison avec d’autres sites) ou plus instables nécessitant un important travail de médiation pour permettre le maintien sur un temps long de l’espèce et de ses aménagements... L’étude de l’effondrement de peuplements (bosquets…) suite à l’inondation de boisements est particulièrement intéressant à étudier même si difficile en pratique sur le terrain. A ce jour, il est incontestable que le castor possède un statut spécifique permettant localement une amélioration de l’état de la biodiversité, par son comportement, ses activités. Il permet en outre d’améliorer les pratiques, en particulier dans la prise en compte des végétations rivulaires, à travers sa présence, celle de ses habitats protégés et ceux des espèces d'intérêt patrimonial qu'il favorise.