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Edité par Université de Liège
L’histoire de la mesure et de la régulation de la pollution de l’air en France reste à faire. Des historiens de l’environnement se sont déjà penchés sur une exploration similaire pour le cas de l’Allemagne, des États-Unis ou encore de l’Angleterre pour le XXe siècle. Le parti pris de départ de cette recherche consistait à chercher dans cet angle mort de l’historiographie française pour voir si le diagnostic d’un retard français ne correspondait pas à une question mal posée au départ et à une recherche mal dirigée. La perspective de ce travail est double, historique et sociologique. Historiquement parlant, la donnée en matière de pollution de l’air a été interrogée au moment où elle était relevée et dans les termes et l’environnement technique de l’époque. Ont été explorées pour chaque période des solutions techniques dont la pertinence tenait au départ à leur robustesse, quels que soient le terrain envisagé et les ressources en matériel plus ou moins sophistiqué mobilisables. Ont été étudiés les sources de l’histoire de la mesure de la pollution atmosphérique et de sa régulation de 1900 à 1960, la mise sur agenda régional et national au tournant des années 1960 d’une première politique bâtie sur des indicateurs sophistiqués de la pollution atmosphérique, les progrès vers la gestion territorialisée de la qualité de l’air avec son jeu d’échelles distinctes des années 1970 à 2000 et la reprise du questionnement plus sociologique sur la concertation à propos des réseaux de nez contemporains (protocoles de mesure de la pollution olfactive mobilisant la population) dans les régions lyonnaise et wallonne. Le décalage produit par l’histoire rend possible de réinterroger différemment la période contemporaine et de ne pas succomber à l’imposition d’une rationalité technique. Sociologiquement, l’équipe s’est interrogée sur le travail de la preuve, à l’œuvre dans des dispositifs de concertation avant la lettre tout au long du XXe siècle (commission extra-municipale, pétitions, collectifs de particuliers, réseaux de vigie de la pollution olfactive, etc.). Cela a permis d’appréhender la pertinence sociologique de l’expérience de proximité et l’antécédence des préoccupations de terrain et locales par rapport aux textes et instances nationales.