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Recherche du Phragmite aquatique dans l’Estuaire de la Loire sur l’île Pipy en 2023
Livre
Date de publication : 31/12/2023
Grâce à l’engagement de plus de 50 bénévoles, le suivi de la migration des passereaux paludicoles à Donges a pu être réalisé quasi quotidiennement du 20 juillet au 16 octobre 2023. Qu’ils en soient ici une fois encore vivement remerciés. Au total cela représente 84 journées, avec chaque jour une équipe de 5 à 6 personnes minimum.
L’évolution, qui à nos yeux ressemble à une dégradation, de cet habitat semble spectaculaire. Quels sont les facteurs qui peuvent expliquer de tels changements ? Déficit en eau douce ? Atterrissement par les dépôts des submersions ? Agriculture ? Faune ?
Déjà en 2013 sur l’Ile Pipy, nous n’avons pas pu revoir les fortes densités de Phragmites aquatiques constatées en 2012, ici aussi la fauche au 20 juillet d’une des plus belles scirpaies de l’Estuaire avait laissé quasiment l’ensemble de la parcelle du site 2 à nu (Figure 5). De plus la forte sécheresse printanière avait limité la pousse sur les prairies et les troupeaux s’étaient vite rabattus sur les scirpaies et les roselières, conduisant à des situations de surpâturage.
L’activité humaine a sans doute nuit à la scirpaie, qui fauchée juste avant la maturité, s’épuise et ne peut reconstituer son stock de graines. A contrario le surpâturage ne détruit pas l’habitat de façon si radicale, et le scirpe devrait repartir l’année suivante si la pression diminue. Comme nous avons pu le constater à grande échelle cette année à Pipy, d’autres animaux exercent une forte pression sur le scirpe : les sangliers. Leur population dans l’Estuaire étant importante, ils semblent s’être spécialisés dans la recherche des tubercules de scirpe. Ces tubercules sont la forme hivernale du scirpe, il y concentre toutes ses réserves dans un bulbe de la taille d’un ongle. Ce bulbe est très riche en amidon et est très nutritif pour les sangliers qui retournent intégralement le sol pour déterrer leur pitance. Au vu de la concentration de ces animaux dans les secteurs de scirpaie et les roselières adjacentes cela semble représenter également un important facteur limitant.
D’autres facteurs comme un déficit en eau douce hivernale peuvent fortement limiter le scirpe qui nécessite un apport périodique d’eau douce pour se développer. Ou bien est-ce que la zone s’est atterrie naturellement comme semble l’indiquer l’abondance d’agrostide stolonifère ?
Il semblerait plutôt que l’ensemble de ses facteurs soient à l’oeuvre de concert et dans l’état actuel des choses les scirpaies ont très peu de chances de recoloniser un jour leurs surfaces passées.