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Etude des traits de vie des migrateurs dans les DOM - Acquisition de connaissances sur les espèces
Livre
Edité par ONEMA - 2015
Date de publication : 01/12/2015
L’amphidromie est le modèle migratoire prédominant des espèces indigènes des Antilles, il est
également représenté chez certaines espèces des hydrosystèmes guyanais. L’amphidromie est un
type de migration diadrome (entre la mer et l’eau douce) qui s’effectue des rivières vers la mer et de la
mer vers les rivières. Les particularités des espèces amphidromes sont : (1) la nécessité d’accomplir
une migration de dévalaison après l’éclosion ; (2) la dispersion larvaire marine ; (3) la migration de
montaison au stade juvénile. La réalisation complète de ce processus migratoire est primordiale pour le
maintien des populations dans les cours d’eau.
Or, aux Antilles, les cours d’eau sont le lieu de pressions anthropiques importantes, notamment pour le
prélèvement de la ressource en eau et la production de l’énergie hydroélectrique. En Guyane, les cours
d’eau sont actuellement peu aménagés mais des projets de développement de l’hydroélectricité sont
engagés et cette pression se rajoute à celles induites par l’orpaillage notamment. Tous ces
aménagements et modifications physico-chimiques constituent des ruptures de la continuité écologique
qui interfèrent directement avec le bon déroulement des migrations des espèces de poissons et
macrocrustacés amphidromes, principales espèces aquatiques de ces régions. Certains traits de vie de
ces espèces demeurant méconnus, l’acquisition de connaissances est essentielle pour mettre en
oeuvre des mesures de gestion adaptées aux spécificités de ces espèces et aux besoins croissants des
populations humaines.
Plusieurs missions de terrain ont été organisées aux Antilles et en Guyane. Ce rapport présente les
résultats sur la fréquentation des habitats, la typologie spatio-temporelle et la structure
démographique des peuplements sur la rivière de Beaugendre en Guadeloupe.
Grâce à l’analyse élémentaire des otolithes des échantillons pêchés aux Antilles, l’amphidromie est
validée chez le mulet de montagne Agonostomus monticola (Bancroft 1834), le poisson tétard Arcos
nudus (Linnaeus 1758), le petit dormeur Eleotris perniger (Cope 1871) et chez trois Gobiidae : le
jolpot Awaous banana (Valenciennes 1837), le gobie à joue tachée Ctenogobius fasciatus Gill 1858 et
le colle-roche Sicydium plumieri (Bloch 1786). Concernant les échantillons pêchés en Guyane,
l’amphidromie est validée chez deux Eleotridae Eleotris spp. et chez deux Gobiidae, le gobie lyre
Evorthodus lyricus (Girard 1858) et Awaous flavus (Valenciennes 1837). Chez Arcos nudus
(Guadeloupe), les analyses microchimiques peuvent également être interprétées comme un profil
semi-amphidrome ; et chez Eleotris sp1 (Guyane), le profil amphidrome semble facultatif pour les
individus vivant en mileu saumâtre.
La durée de phase larvaire est déterminée chez Agonostomus monticola, Awaous flavus, les deux
espèces Eleotridae Eleotris spp. de Guyane, Evorthodus lyricus et Lophogobius cyprinoides (Pallas
1770). L’identification génétique des espèces des poissons et macrocrustacés capturés en
Guadeloupe et en Guyane est vérifiée par analyse moléculaire (barcoding).