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En avril 1995, un nouveau bigorneau perceur a été détecté dans le bassin de Marennes Oléron à l'occasion de l' échantillonnage des stocks de crépidules réalisé par le CREMA I'Houmeau à la demande du Conseil Général de Charente-Maritime. Depuis lors, cette espèce a été déterminée comme étant le bigorneau perceur japonais Ocinebrellus inornatus (Récluz, 1851) suite à l'expertise donnée par le Muséum National d'Histoire Naturelle de Paris. L'origine géographique de ce bigorneau perceur est le Pacifique-Ouest (littoral des pays asiatiques). Cette espèce est aussi connue sur les côtes Est du Pacifique où elle a, en effet, été accidentellement introduite dans le Puget Sound (Etat de Washington) dans les années 1920-1925 à la faveur de transferts de naissains d'huîtres japonaises en provenance du Japon. Elle y est maintenant bien établie depuis les Etats de la Colombie Britannique jusqu'en Californie. De la même façon, il y a une très forte présomption de penser (du fait de la biologie de l'espèce et de son mode de reproduction à développement direct, c'est-à-dire sans phase planctonique) que son introduction sur les côtes de Charente-Maritime se soit faite à la faveur d' importations d' huîtres au début des années 1990. Ce nouveau bigorneau perceur est maintenantbien établi sur nos côtes comme les travaux du LBEM des années 1997 à 1999 le lais saient déjà entrevoir. Le présent rapport apporte des informations sur 1) la biologie et la répartition géographique sur les secteurs ostréicoles de ce nouveau bigorneau perceur relativement à l'espèce indigène et 2) les moyens de lutte existant applicables par les professionnels. Ces informations doivent contribuer à une meilleure compréhension de la biologie de ces espèces afin d'envisager, en toute connaissance de cause, un meilleur contrôle de leur impact en zones d'élevage conchylicole : * Les informations relatives à la répartition géographique détaillée des deux bigorneaux perceurs mettent en relation leur abondance avec 1) la présence de substrat rocheux naturels ou installés par l'homme et 2) l'état d' entretien des concessions ostréicoles. * Les informations relatives à la morphologie comparée des deux espèces montrent qu' il est aisé de distinguer les individus adultes des deux espèces (forme différente de leur coquille). *La synthèse des moyens de lutte existant tant à l'étranger qu' en France montre l'absence de solution miracle. La conjonction de plusieurs techniques de nettoyage permet d'obtenir une certaine efficacité, à la condition qu'elles soient effectuées de façon répétée dans le temps et de façon coordonnée à l' échelle d'un secteur d'élevage tout entier. Partant du principe qu' il vaut mieux prévenir que guérir, il est suggéré de suivre les pratiques de contrôle strict des transferts de cheptels pratiqué aux USA dans l'Etat de Washington (WDFW : Washington Department ofFish and Wildlife). Seraient concernés les transferts de tout support avec huÎtres depuis les zones infestées (aujourd'hui Marennes Oléron, Fouras, baie de Bourgneuf, Golfe du Morbihan). Le nettoyage à terre en bassin d'eau douce préalablement aux transport permettrait de limiter la propagation de ce nouveau bigorneau perceur aux autres secteurs ostréicoles français et européens. En conclusion, il est nécessaire de rappeler que la propagation du nouveau bigorneau perceur japonais aux autres secteurs d'élevage Manche-Atlantique est déjà en cours. Cette propagation bénéficie, avant toute chose, de l'absence de contrôle sur les transferts de cheptels et de l'absence d'un nettoyage à l'eau douce en bassin à terre pour éliminer les perceurs des supports transférés. Cette mesure simple s'avèrerait indispensable pour enrayer la propagation de l'espèce et freiner l' invasion qui se profile déjà en baie de Bourgneuf et dans le Golfe du Morbihan, invasion qui semble déjà trop tard à enrayer dans les Pertuis charentais.